La ruche tronc

Parmi toutes les catégories de ruches, la ruche tronc est une ruche creusée par l’homme dans un morceau de tronc d’arbre tombé au sol. La conception de la ruche tronc est issue de l’observation et de l’imitation des ruches créées par les abeilles dans les cavités d’arbres que l’on retrouve à l’état naturel. Vous désirez en savoir plus sur cette méthode d’apiculture ? Alors notre article saura sûrement susciter votre intérêt.

Qu’est-ce qu’une ruche tronc ?

Comme son nom le laisse entendre, la ruche tronc est une ruche située dans un tronc. Plus précisément, il s’agit le plus souvent d’un tronc de châtaignier. Mais bien plus qu’un simple habitat pour abeille, il s’agit d’une véritable œuvre d’art.

En effet, les apiculteurs des Cévennes notamment ont recours à cette technique depuis des décennies (mais son utilisation remonte à des millions d’années). La forme et l’odeur de la ruche tronc ravivent les instincts naturels de l’abeille. Elle aura donc plus tendance à y installer sa colonie.

De plus, la ruche tronc est un excellent abri contre les prédateurs et les intempéries. Il n’est pas rare de découvrir des ruches troncs datant de plusieurs années au détour d’une vallée des Cévennes ou en Lozère. D’ailleurs dans les Cévennes, on appelle ces regroupements de ruches troncs des « apios » et certaines des ruches présentes dans ces apios ont plus de 200 ans !

Historique de la ruche tronc

La ruche tronc ou Brusc est considérée comme étant un modèle d’apiculture primitif. En effet, cette méthode est directement inspirée du processus de nidification que les abeilles effectuent dans des troncs d’arbres creux. L’homme a développé ce savoir-faire issu de l’observation de la nature durant des siècles, et l’a enrichi jusqu’au point de constituer des ruchers troncs. Il s’agit d’ensembles architecturaux dont les tailles peuvent varier en fonction du milieu et qui sont en mesure de regrouper plusieurs centaines de ruches.

L’humain ne voulait plus se contenter de chasser le miel. Il a donc cherché un moyen de sédentariser les abeilles en leur donnant un habitat. Il lui fallait donc trouver une cavité capable d’accueillir les abeilles et dans laquelle il pourra puiser le miel chaque année sans détruire la colonie.

La ruche tronc est creusée dans la partie basse d’un tronc d’arbre, d’où son nom. Cet habitat à la fois artificiel (car créé par l’homme) et naturel est très similaire à celui où nichent les abeilles de façon spontanée à l’état naturel. Elle est ainsi considérée comme étant une « ruche écologique ». Elle est généralement directement taillée dans un tronc de châtaignier, réputé pour sa caractéristique imputrescible. Ainsi, même lorsqu’il tombe au sol, il demeure en mesure d’accueillir les abeilles durant plusieurs décennies puisqu’il reste quasiment intact.

Les abeilles apprécient fortement le tronc de châtaignier pour ses tanins qui sont pour elles un stimulant énergétique des plus efficaces. À travers une apiculture dans une ruche tronc, les abeilles ne sont pas poussées dans une course à la croissance pour ce qui est de la production. La méthode est ici plus naturelle, puisque les abeilles bénéficient d’une meilleure protection, et ne seront nullement en contact avec des accessoires créés artificiellement par l’homme, comme la cire gaufrée par exemple.

Ses avantages et ses inconvénients

Avant de vous décider à acheter une ruche tronc ou non, il serait préférable d’identifier les différents avantages et inconvénients de ce genre de méthode.

            Les avantages

La ruche tronc mérite d’être considérée comme étant la ruche la plus écologique et également la plus éthique du moment. Par ailleurs, si vous souhaitez adopter une démarche de développement durable, alors cette méthode serait celle à privilégier. En effet, avec une ruche tronc, on minimise les traitements à base de produits créés par l’homme. Dans certains cas, ces traitements sont même inexistants.

Avec ce genre d’élevage naturel, les colonies ont plus de vigueur, et sont aussi plus pérennes. Elles développent une meilleure défense (surtout contre le varroa), ce qui autorise la nette réduction, voire l’absence totale de traitement.

L’utilisation d’un tronc de châtaignier pour y loger les abeilles offre à elle seule de nombreux avantages. De par sa grande résistance et son épaisseur pouvant atteindre les 15 cm, ce type de tronc est parfaitement en mesure de protéger les abeilles des variations saisonnières. Ainsi, elles n’auront à craindre ni les fortes chaleurs d’été, ni le froid rude en hiver, ni les fortes précipitations. Les abeilles bénéficieront alors de conditions de vie améliorées et plus naturelles.

Lorsqu’on utilise une ruche tronc, on ne récolte que le miel excédentaire, c’est-à-dire les réserves qui n’ont pas été consommées en hiver. Cette récolte se fait généralement entre mars et avril. Grâce à cette méthode, il n’y a pas de risque que les abeilles manquent de ressources, et par conséquent, la survie de la colonie est toujours assurée.

Avec une ruche tronc, les abeilles peuvent jouir de plus de liberté pour la conception de leurs rayons. En effet, ces derniers ont ainsi la possibilité d’être construits dans tous les sens, que ce soit en zigzag, en long ou en large. Cela n’est pas le cas dans une ruche traditionnelle, car la conception des rayons y est contrainte par la présence de cires gaufrées étagées.

            Les inconvénients

Toutefois, la ruche tronc n’est pas la solution miracle en apiculture, car elle présente quelques inconvénients. Par exemple, les rendements que l’on obtient avec les ruches tronc sont inférieurs à ceux des ruches à cadre plus traditionnels. La ruche tronc ne serait donc pas conseillée aux apiculteurs souhaitant faire de grandes exploitations.

Il est également à noter que l’exploitation d’une ruche tronc est beaucoup plus difficile, comparée à celle d’une ruche plus classique (à cadres). En effet, il est ici plus compliqué de surveiller l’état de santé de la colonie, puisqu’il n’y a pas de cadres à sortir et à scruter avec minutie.

Quel bois pour une ruche tronc ?

Comme nous l’avons évoqué, ce type d’habitat se construit principalement avec du bois de châtaignier. En effet, cet arbre possède de nombreuses qualités. Tout d’abord il est imputrescible (ce qui explique la longévité de certaines ruches troncs trouvées dans les Cévennes).

Ensuite, l’intérieur de cet arbre est facile à évider (même lorsqu’il s’agit de bois frais) ce qui représente un atout majeur pour un apiculteur. Enfin, cela permet d’utiliser le bas des troncs. De fait, si le reste des troncs de châtaignier peut être utilisé pour les charpentes, cela n’est pas le cas du bas des troncs qui est noueux et bosselé. Par contre cela permet de fabriquer des ruches troncs magnifiques et résistantes.

Cependant d’autres bois peuvent aussi être utilisés, c’est le cas par exemple :

  • des chênes / noyers ;
  • des frênes / aulnes / peupliers ;
  • des saules / épicés / sorbiers.

Mais parmi tous les arbres de la forêt, le châtaignier reste la solution idéale pour construire un habitat naturel pour l’abeille.

Construire sa ruche tronc

La confection d’une ruche tronc est dans la grande majorité des cas réalisée à partir du corps d’un arbre, notamment un châtaignier, de par ses propriétés tout à fait adaptées à accueillir une ou plusieurs colonies d’abeilles. Fabriquer une ruche tronc nécessite de passer par plusieurs étapes que nous allons vous détailler ici.

Commencez par excaver le tronc à partir du cœur jusqu’à ce que vous ayez l’épaisseur que vous désirez, en sachant que celle-ci peut atteindre les 15 cm. L’idéal serait de choisir un tronc de 45 à 60 cm de diamètre, et avec une hauteur d’environ 70 cm. Percez trois trous à la base du tronc. Ces trous serviront aux abeilles d’entrée dans la ruche.

Votre couvercle ou votre toit doit s’emboiter dans le tronc. Si vous optez pour un toit, alors vous pouvez utiliser une dalle de schiste confectionnée avec une pierre, ou bien une lauze. Veillez à poser un objet lourd sur le toit afin d’éviter que ce dernier ne soit emporté par un vent violent. Il est également primordial de s’assurer que la ruche soit parfaitement étanche.

Les abeilles construiront leurs rayons à partir du toit. Veillez alors à mettre deux baguettes en croix au centre de la ruche afin que ces rayons bénéficient d’un bon support. Et voilà, vous savez maintenant comment faire une ruche tronc. Vous n’avez plus qu’à appliquer ces étapes pour pouvoir prendre soin de vos abeilles et profiter de leur miel.

Que faire après avoir installé un essaim dans la ruche tronc ?

Ça y est vous avez capturé ou acheté votre essaim auprès d’un apiculteur ? Vous l’avez installé dans votre arbre et vous vous demandez quoi faire maintenant ? La réponse est simple, vous devez observer régulièrement votre essaim et votre rucher.  Et surtout, pensez à nourrir régulièrement votre essaim après sa capture ou son achat. Cela l’aidera à se renforcer plus rapidement.

Pour nourrir votre essaim, vous pouvez par exemple planter des plantes mellifères dans votre jardin, à proximité de leur habitat. N’oubliez pas non plus de fournir un point d’eau à votre essaim. En faisant cela vous faciliterez le travail de votre essaim. Il n’est en effet pas toujours facile pour une abeille de trouver un point d’eau et des plantes proches de son logement.

Pour information, l’installation de l’essaim doit se faire entre avril et juin (selon où vous résidez en France). Une fois l’essaim dans le rucher, il ne faut pas rouvrir les clés avant le printemps de l’année suivante. Mais vous pouvez observer l’évolution des colonies en penchant doucement la ruche sur le côté. Puis avec l’aide du flash de votre téléphone éclairez le bas du tronc.

Durant l’automne vous pouvez aussi installer un pisé de boue mélangé avec du crottin d’âne ou de cheval autour des troncs. Cela va permettre de favoriser l’étanchéité des troncs et évite les attaques de petits prédateurs. Pensez à enlever cette protection au printemps.

miel

Comment récolter le miel dans une ruche tronc ?

Pour ce paragraphe, nous nous sommes inspirés des conseils pratiques d’Henri Giorgi. Cet apiculteur à la retraite dédie son temps à la préservation des ruches troncs, et accompagne les apiculteurs qui veulent mettre en pratique ce type d’apiculture. Il est d’ailleurs l’auteur d’un guide sur les ruches troncs.

Pour lui cette apiculture est un accompagnement des colonies, la récolte du miel doit donc se faire avec soins, pour préserver la tranquillité de l’abeille. Cette récolte du miel se prépare tôt dans l’année (dès le mois de mars). Mais la récolte en elle-même se fait du mois de mai au mois de juin (voire début juillet au plus tard).

Dans l’idéal, il faut récolter le miel en fin de mâtinée, lorsqu’il fait bien chaud. Les abeilles seront sûrement occupées à voler dans tous les sens (elles feront donc moins attention à vous ce qui facilitera votre travail d’apiculteur).  Avant de récolter le miel, vérifiez qu’il soit bien mûr.  Pour ce faire, après enfumage soulevez la clé centrale du rucher et observer les cadres.

Si plus des ¾ des cellules sont operculées alors le miel est mûr. Si seule une moitié des cellules est pleine et operculée, alors il faut attendre encore un peu. La récolte du miel se fait dans la partie supérieure de la ruche tronc. Il faut découper les rayons jusqu’à la hauteur des cellules de pollen (situées au-dessus du couvain).

En cas de doute, n’hésitez pas à solliciter les conseils pratiques et l’avis d’un apiculteur de votre région.

Voir les caractéristiques des autres ruches : 

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